Evolution du thé en Iran
 
Un jour, Anjavi Chirazi, le folkloriste contemporain, avait dit en infusant son thé : « le thé doit caresser quatre sens. Sa couleur doit caresser la vue, sa saveur doit caresser le goût, son odeur doit caresser l’odorat et son effet doit caresser les autres sens ». Et si on infuse le thé avec de la cannelle, de la cardamome ou de la verveine citronnelle, ce serait génial. Ce serait bon pour le corps et l’âme. Et tout ça grâce à Haj Mohamed Mirza Qavanlou surnommé » Kachef-o-Saltaneh «, dit » le père du thé en Iran «. Il est celui qui, lors de sa mission en tant que consul général iranien en Inde, a appris des anglais à cultiver du thé. Mais l’apprentissage n’était pas si facile. A cette époque, l’Angleterre avait le monopole du thé de l’Inde et l’enseignement des secrets de la culture du thé aux orientaux était interdit. Alors, Kachef-o-Saltaneh se faisait passer pour un occidental. Il participait aux cours en tant qu’un commerçant français, et pas un diplomate iranien. Kachef a rapporté sa science et les graines du théier en Iran. Le voyage du thé a commencé avec Kachef en Inde en 1906. Cependant, le thé n’était pas son seul compagnon de voyage. En plus des graines du théier, le café, la cannelle, le poivre, le girofle, la cardamome, la mangue, le curcuma, le gingembre et plusieurs autres produits agricoles ont été transportés en Iran. Le thé a été cultivé à Lahidjan ayant un climat semblable à celui de Shimla de l’Inde. Lahidjan était un bon hôte pour le thé. Plus tard, la culture du thé a prospéré et il est peu à peu devenu la boisson préférée des Iraniens. Cependant, avant que Kachef-o-Saltaneh rapporte le thé en Iran, les Iraniens connaissaient déjà le thé, car, dans son livre, Adam Olearius décrit la ville d’Ispahan de l’époque safavide en citant les salons de thé. On dirait que le thé utilisé par les salons de thé, était importé de Chine et en raison de sa rareté, on le considérait comme une boisson relativement chère, alors tout le monde ne pouvait pas en boire. Mais grâce à la culture du thé à Lahidjan, l’effet social et culturel du thé s’est vite développé en Iran. Des magasins et des bazars aux fêtes et aux cérémonies de deuil, le thé existait dans toutes les réceptions et toutes les réunions. Les outils pour préparer le thé sont peu à peu entrés dans les foyers iraniens. L’estékan (une sorte de verre) et le nalbéki (une sorte de sous-tasse) élégants ainsi que le plateau et le sucrier (récipient) ont apparu sur les nappes des Iraniens, et le samovar et la théière ont pris place dans la cuisine de chaque femme. Comme le thé, au début, le samovar n’était pas non plus un élément iranien. Mais ce voyageur russe s’est vite installé en Iran et il y est resté pour toujours. Les samovars en plomb-étain fabriqués en Russie et les samovars en maillechort et en laiton fabriqués à Broudjerde sont devenus célèbres en Iran. Cependant, à l’époque Kadjar, Ispahan était le centre de production de samovar en Iran.
 
 
 
 
Sucre en morceaux, à côté du thé
Le sucre en morceaux est le compagnon de toujours du thé. S’il est placé dans le nalbéki, à côté de l’estékan, on appelle cet ensemble »Qande Pahlou« (littéralement à côté duquel il existe un sucre en morceaux). Le sucre en morceaux est un symbole. Un symbole qui sucre. On frotte deux sucres en morceaux au-dessus de la tête de la mariée et du marié, et on les met sur la niche murale. Le sucre en morceaux avait des hauts et des bas sur son chemin, parce qu’il est vite entré dans la politique. Les photos de l’époque Pahlavi montrent que, Reza Chah Pahlavi se rendait aux différentes villes de l’Iran en chair et en os, pour l’inauguration des usines de sucre, dont l’usine d’Abko et celle de Marvdachte.
 
 
 
 
Thé dans les qahveh khanehs (salon de thé iranien)
Avec le développement du thé, non seulement les gens ont découvert une infusion calmante et bon marché, mais aussi les qahveh khanehs, jusqu’alors fréquentés plutôt par les riches et les nobles, sont devenus plus populaires et ils se sont transformés en lieux fréquentés par toutes les classes sociales. Désormais, le thé existait dans tous les qahveh khanehs. Il n’est plus possible de se réunir au qahveh khaneh sans boire du thé. Les qahvehtchis (serveurs des salons de thé) disent que le thé est la langue de ceux qui fréquentent les qahveh khaneh. Une sorte de moyen de communication. Par exemple, autrefois, quand on cherchait la dispute, on retournait l’estékan et on le posait sur le nalbéki. Cependant, si quelqu’un posait son nalbéki sur l’estékan, cela n’aurait pas un tel sens. Et c’était juste pour ne pas laisser le thé refroidir ou pour montrer qu’on ne veut pas un autre thé. Les outils pour le thé et boire du thé ainsi que le narguilé, constituent les éléments principaux de l’atmosphère des qahveh khanehs iarniens. Les outils sont : samovar, théière pour infuser, estékan et nalbéki pour boire du thé. Quand les iraniens ont pris l’habitude de prendre du thé et que cette habitude s’est répandue dans les villes, dans les villages et parmi les nomades, l’industrie de davatgari (faire des objets avec du fer) et de faire des samovars a beaucoup prospéré dans les villes, à la fin du règne de Nasser-ed-Din Shah. A cette époque, on fabriquait toute forme de samovars et leurs accessoires comme la coupe et la carafe en laiton, en cuivre ou en maillechort. Avant que le samovar soit courant, on utilisait, pour infuser le thé, la bouilloire en cuivre (qui était courante dans tout l’Iran) et une sorte de récipient en fonte semblable à aftabeh (une sorte de réservoir d’eau traditionnel iranien) appelé »gandouk«, très utilisé à l’est, au sud et au nord-est de l’Iran. On posait la bouilloire à côté du feu et on y faisait bouillir l’eau. Ensuit, on ajoutait le thé à l’eau bouillante. Plus tard, quand le samovar est devenu courant, le récipient de l’eau et celui du thé se sont séparés.
 
 
 
 
Thé dans les fêtes iraniennes
En plus des qahveh khanehs, le thé occupe une place particulière dans les réunions et dans les fêtes. Par exemple, lors de khastégari (une réunion dans laquelle un homme demande la main d’une fille auprès de ses parents), si la fille sert le thé, cela veut dire qu’elle est d’accord.
Si on y ajoute des aromatisants comme la cannelle, la cardamome, la verveine citronnelle et la camomille, le thé aurait une saveur plus agréable.
En Iran on trouve le thé partout. Dans les fêtes officielles, les cocktails, les soirées, dans les bureaux, les établissements et enfin, on boit du thé en famille autour du feu quand on va à la campagne ou lorsqu’on pique-nique.
 
 
 
 

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